Le terrain, le geste, et la recherche artistique de Louis Renaudin
“Mon terrain est le plus souvent l’arbre. Je taille les arbres depuis l’age de 14 ans : les ifs et les buis du jardin de ma mère, puis d’autres arbustes ou arbres que je cherchais à conduire comme on élève un bonzaï… Ces expériences et un artiste comme Guiseppe Penone m’ont fait mieux goûter la “liquidité ” de l’arbre dans son milieu naturel comme dans sa morphogenèse interne.
Mon geste artistique est celui de la taille directe du bois, très “lowtech” avec juste une massette et une petite collection de gouges. Ce geste est répétitif, rythmé et propre à susciter une méditation qui laisse l’initiative à la main qui souvent en sait plus que la tête. L’enlèvement de la matière peut être sans fin et provoque un flux jubilatoire lorsque le projet vague se précise dans un heureux inattendu de la matière.
Quant à ma recherche, le mot de Pierre Soulage “c’est ce que je fais qui me dit ce que je cherche” est excessif pour moi. Séduit par un beau bloc installé sur la sellette, j’explore la liquidité de l’arbre et les atours de ses veines et textures dans un registre variable : longtemps organique et sensuel, végétal et humain, parfois plus architecturé et abstrait. Si l’orientation est donnée au départ, le sens se fait attendre et émerge progressivement pendant les longues heures de taille. Dilué dans le temps, le geste créatif remplit finalement toute la vie. “ Tailler c’est toute une vie “ dit une de mes collègues. Quelque chose de ma propre vie doit remplir l’oeuvre et la “charger”.”
___________________________